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Qu’est-ce que le manga ?
Un simple dessin ? Une BD ? Un genre artistique ? Une nouvelle source d’inspiration pour l’art contemporain (comme pour Murakami Takashi) ? Des dessins-animés (ou anime en langage d’initiés) ?
Il y a tellement de genres et de styles différents au sein de cet art qu’il est parfois difficile de s’y retrouver.
Au Japon, une multitude de classifications existent pour différencier les histoires en fonction de leur genre et du public auquel elles s’adressent.
Là-bas, on trouve des histoires adaptées à chaque âge et à chaque niche de la population, du manga pour les tout petits au manga pour les seniors, en passant par des histoires sur des thèmes extrêmement variés et parfois assez surprenants.
Du manga sentimental destiné à un public masculin et passant par le manga érotique, d’histoires centrées sur le cosplay (concours de déguisements) à celles qui abordent différents métiers (pompier, sauveteur en mer, médecin, enseignants, cuisinier…), en passant par le manga humoristique ou à celui à contre-courant portant un regard incisif sur la société, tout le monde y trouve son compte.
Cette diversité et cette richesse en font un genre littéraire extrêmement prisé, la population lit du manga dès le plus jeune âge et change de catégorie au fur et à mesure qu’elle vieillit et évolue dans la vie.
Les chiffres parlent d’ailleurs d’eux-mêmes : au Japon, il se vend 120 millions (oui ! 120.000.000 !) de manga par semaine, mangashi (magazines de prépublication de manga) et Tankôbon (tome de manga relié, ceux que l’on trouve en France) confondus.
Concentrons-nous sur les œuvres dont nous disposons en France : les manga sous forme de bandes-dessinées ou d’anime.
En France, nous avons principalement quatre genres de manga :
Le shonen : le public ciblé regroupe les garçons adolescents. On y retrouve des valeurs telles que l’amitié, le courage, le dépassement de soi… (Naruto, One Piece, Bleach …)
Psyren, tome 1, Toshiaki Iwashiro
- Le shojo : manga destiné à un public féminin adolescent. En France cette catégorie compte principalement des histoires sentimentales, mais au Japon on peut aussi y retrouver des histoires d’horreur. (Nana, Fruit Basket, Dengeki Daisy….)
- Le seinen : vise les jeunes adultes masculins (entre 15 et 30 ans). Le seinen développe des thèmes plus complexes et profonds que le shonen. Le dessin y est également souvent plus travaillé. (Pluto, Berserk, Lone wolf and Cub…)
- Le josei : comme le seinen vis-à-vis du shonen. Le josei est le pendant adulte du shojo. (Happy Mania, Piece of Cake…)
Corps et âme, Aya KANNO
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à nous solliciter pour organiser une rencontre ou une conférence.
Sources :
- “L’art invisible” Scott Mc Cloud
- “Mille ans de manga” Brigitte Koyama-Richard
- “Histoire du Manga : L’école de la vir japonaise” Karyn Poupée
- “Le manga” Stéphane Ferrand, Sébastien Langevin.
Voici quelques explications sur la naissance du manga et sur ses codes, de manière à pouvoir mieux saisir et comprendre cet « art de l’intervalle » comme le nomme si bien Scott Mc Cloud.
Si le manga est installé depuis 20 ans en France (et ne peut donc plus, de ce fait, être considéré comme une mode passagère), il faut revenir au début du XIXe siècle pour trouver ses origines dans la civilisation japonaise. Le terme « manga » est né pour la première fois sous le pinceau d’Hokusai, grand maître de l’estampe japonaise, qui s’en servit pour désigner ses dessins et croquis rapides.
Littéralement, « Man » « Ga » signifie « image légère », « image dérisoire » ou encore « esquisse rapide ». Aujourd’hui, le terme couvre aussi bien le dessin que le tome de bande dessinée japonaise ou le genre en lui-même.
Si le terme a été créé par Hokusai, le manga puise ses sources dans des arts japonais aussi anciens et variés que les Emaki (rouleaux dessinés figurant plusieurs scènes, XIIe siècle), les Ehon (illustrations datant du XVIIe), les estampes (Ukiyoe), jusqu’au théâtre Nô et au théâtre Kabuki (formes théâtrales japonaises traditionnelles remontant au XIIIe siècle pour le premier). Cependant, si ces arts sont le terreau dont le manga se nourrit encore aujourd’hui, la presse écrite a réellement été le point de départ du manga, tout comme elle le fut pour la BD franco-belge. Kitazawa Rakuten, en tant que grand nom de la caricature Japonaise et fondateur (en 1934) de la toute première école de caricature et de bande-dessinée, a également contribué à l’essor du genre. Vinrent ensuite de très grands noms comme Tezuka Osamu, Tatsumi Yoshihiro, Ôtomo Katsuhiro et Urasawe Naoki qui posèrent les jalons de cet art.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à nous solliciter pour organiser une rencontre ou une conférence.
Sources
- “L’art invisible” Scott Mc Cloud
- “Mille ans de manga” Brigitte Koyama-Richard
- “Histoire du Manga : L’école de la vir japonaise” Karyn Poupée
- “Le manga” Stéphane Ferrand, Sébastien Langevin.
Le Manga et ses particularités
Il arrive encore que le manga soit perçu comme un sous-art ou comme une discipline ne nécessitant pas réellement de connaissances ou de prérequis pour être pratiquée. Pourtant, le manga est tout aussi travaillé et réfléchi que notre BD franco-belge.
Certains mangas, notamment ceux initiés par Tezuka Osamu, tels que les shonen et les shojo, présentent des dessins au style volontairement simpliste et épuré. La priorité est ainsi donnée à l’histoire et à la rapidité de lecture. Le lecteur doit pouvoir appréhender chaque nouvelle page de manière immédiate, sa lecture ne doit pas être brouillée ou ralentie par des détails. Ces mangas se lisent comme on regarde un film : l’immersion doit être totale.
D’autres genres de manga, comme le gekiga (genre qui s’attache au réaliste), le seinen et le josei, comptent d’illustres noms qui n’ont rien à envier à nos grands auteurs européens tels que Moebius ou Hugo Pratt. Parmi les incontournables de la bande-dessinée nippone, nous pouvons par exemple citer Tatsumi Yoshihiro (Coups d’éclats, Les larmes de la bête), Yoshiharu Tsuge (L’homme sans talent) ou Horoaki Samura (L’habitant de l’infini). Et si le peu d’importance attaché aux décors ou à certains détails peut donner l’impression d’un travail vite expédié au lecteur occidental peu coutumier des mangas, rappelons que le dépouillement, en vue de ne conserver que l’essence même de l’histoire, est un des aspects les plus difficiles du travail d’auteur et du travail artistique en règle générale.
L’homme sans talent, Yoshiharu Tsuge
L’habitant de l’infini, Horoaki Samura
Outre la lecture à l’envers, le noir et blanc et le dessin qui, même s’il est facilement identifiable comme « style manga » varie énormément d’un ouvrage à l’autre, le manga est à la fois proche et très différent de la bande-dessinée franco-belge. Mais alors, qu’est-ce qui les distingue ?
Tout d’abord, par la structure narrative. Un tome de manga fait entre 150 et 300 pages, un tome de BD classique, 48 pages… Logiquement, des différences fondamentales vont apparaître dans la manière de relater l’histoire.
Le manga déroule l’action de manière beaucoup plus lente et détaillée, mais surtout, il le fait de manière différente : cadrage, mise en scène, codes graphiques exprimant l’action ou les émotions des personnages, enchainement de points de vue à point de vue… L’histoire s’étalant parfois sur plusieurs tomes, soit des milliers de pages, il n’est pas toujours nécessaire de se concentrer sur son seul déroulement, et on peut s’attacher à développer une ambiance, une atmosphère ou dérouler une action au ralenti.
Shinobi Life, Shoko Conami
Terminons en citant Scott Mc Cloud, qui en parle merveilleusement bien dans son livre.
« Au Japon plus que partout ailleurs, la bande dessinée est un art, celui des intervalles. L’idée qu’une œuvre d’art se définit autant par les éléments qui en sont absents que par ceux qui la constituent est depuis des siècles une des caractéristiques de l’Orient. »
Scott Mc Cloud, L’art invisible
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à nous solliciter pour organiser une rencontre ou une conférence.
Sources :
- Mille ans de manga, Brigitte Koyama-Richard, éditions Flammarion
- Histoire du Manga : L’école de la vie japonaise, Karyn Poupée, éditions Tallandier
- Le manga, Stéphane Ferrand et Sébastien Languevin, éditions Milan
- Dico Manga, Nicolas Finet, éditions Fleurus
- L’art invisible, Scott Mc Cloud, éditions Delcourt
- Culture Manga, Fabien Tillon, éditions Nouveau Monde